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    NDD#66 DOSSIER La danse, jeune public | Un cahier jeune public, quelle idée ?!

    Julie de Clercq Wawara, D festival, théâtre Marni Dessin de Golrokh Nafisi

    Dossier coordonné par Alexia Psarolis

    La danse contemporaine fait-elle peur ? Non pas son propos ni ce qui se déroule sur scène, mais avant de franchir l’entrée d’une salle, bien avant. Le nom (parfois) sibyllin de la pièce, le discours (plus ou moins hermétique) s’y afférant, le graphisme minimaliste d’une brochure, l’accueil moyennement chaleureux d’un théâtre… Sans être sémiologues, ces signaux infralangagiers sont perçus de tous. Accéder à une représentation relève d’un parcours en plusieurs étapes, évidentes pour certains, rédhibitoires pour d’autres.

    Dans le cadre du spectacle jeune public, le prescripteur est l’adulte. Parent, ami ou enseignant, c’est prioritairement à lui que s’adresse ce cahier jeune public, qui souhaite offrir quelques balises et susciter l’envie de franchir le pas. Car il n’y a aucune crainte à avoir. Ce qui est en jeu n’est pas de comprendre mais « juste » de regarder et de ressentir.

    Il y a ceux qui parlent de danse jeune public, ceux qui s’offusquent qu’on en parle au singulier, les adeptes de l’appellation tout public… Au-delà des polémiques terminologiques et sans doute des revendications politiques sous-jacentes, ces locutions renvoient toutes au même signifié : une danse qui s’adresse – intentionnellement ou non – aux enfants, des bébés de quelques mois (les tout-petits) aux adolescents, familles bienvenues. Un constat, donc, et non une vision restrictive d’un public respectable et respecté. Mais venons-en au fait : quand et comment est née ce qu’on appelle la danse jeune public ? L’enseignante et journaliste Martine Dubois en retrace les prémices en Belgique et en souligne les particularités. Un petit mode d’emploi à l’attention des enseignants en quelques questions-réponses permettra – peut-être – aux professeurs de dépasser leurs appréhensions et d’emmener leurs classes voir de la danse.

    Les artistes créent-ils différemment pour le jeune public ? Félicette Chazerand, Caroline Cornélis, Thomas Hauert… tous les chorégraphes soulignent le niveau d’exigence que requiert la création à destination des (très) jeunes comme des adultes. Les enfants sont les spectateurs les plus « cash », chez qui l’ennui ou l’enthousiasme est immédiatement perceptible. Maria Clara Villa-Lobos abonde en ce sens et revient, au cours de l’entretien qu’elle nous a accordé, sur ce qui la meut, ses thèmes de prédilection et sa future création intitulée Alex au pays des poubelles.

    Parler jeune public ne signifie aucunement bêtifier. « La lutte contre l’infantilisme passe d’abord par le renoncement à l’infantilisation du public », affirme haut et fort Marie-Hélène Popelard. La philosophe dresse les fondements d’une esthétique et analyse les rapports de l’enfant-spectateur à l’art contemporain. En regard de ce texte théorique, nous reproduisons l’échange de Melissa Borgman, éducatrice artistique états-unienne, avec un jeune lycéen face, pour la première fois de sa vie, à un tableau d’art contemporain : une dialectique au cœur du sujet. Car tableau ou spectacle, comment décrypter ce que l’on voit, comment parler d’un oeuvre ?

    Passons de l’autre côté du miroir, voyons comment l’enfant/ado peut s’immerger dans la pratique de la danse et les bienfaits qui en découlent. Initié en France par Marcelle Bonjour en 1986, le programme Art à l’école s’est structuré en Belgique dans les années 2000 grâce à Laurence Chevallier, danseuse et pédagogue. Le volet Danse à l’École a réuni depuis nombre d’élèves, professeurs, artistes, médiateurs culturels… Sarah Colasse, directrice du Centre dramatique de Wallonie pour l’Enfance et la Jeunesse (CDWEJ), formule les enjeux de ce programme artistique au sein de l’institution scolaire, en souligne l’incontestable richesse et, surtout, met en exergue son apport le plus précieux : une ouverture à l’art et au monde.

    Pour clore ce cahier spécial, pleins feux sur l’actualité jeune public avec une pléthore d’ateliers, de rencontres, de festivals… autant d’alternatives à la virée de fin d’année scolaire à Walibi. Et des publications pour approfondir le sujet, que l’on n’a pas la prétention d’avoir épuisé. Suite au prochain numéro donc. •

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