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  • Nouvelles de danse

    NDD#73 Révéler l’intime

    Christian Rizzo 100% polyester © Caty Olive

    Par Rosita Boisseaux

    Deux petites robes tendance nuisette, seconde peau en soie, se balancent tranquillement sur leur porte-manteau. Elles sont jumelles et même siamoises, délicieusement identiques dans leur miroir. Elles se tiennent par les mains et swinguent en progressant au-dessus d’un couloir aérien de ventilateurs.

    Seuls principes moteurs de la chorégraphie, leur trajectoire et cette petite armée de ventilateurs qui souffle un vent léger sur leur duo. Pendant qu’un gros son électro vrombit, la paire décolle et s’emballe, comme saisie en pleine éclate clubbing.

    Cette installation chorégraphique s’intitule 100% polyester, objet dansant n° (à définir). Elle a été créée en 1999 par le chorégraphe et plasticien Christian Rizzo, qui y trame comme par magie danse, costume, sculpture vivante… Avec dans les ourlets quelques concepts finement glissés comme, par exemple, ceux du corps-fantôme, du mouvement aléatoire… Ici, c’est l’air remué par les ventilos qui envoient valser le duo et en compose les évolutions changeantes. Le vivant a disparu mais la danse reste, mortellement somptueuse et libre. Et ce sont les robes qui assurent cette paradoxale incarnation des interprètes et du mouvement.

    Passé par les arts plastiques à la Villa Arson, à Nice, créateur d’un groupe de rock, Christian Rizzo a conçu cette installation en complicité avec Caty Olive pour les lumières. « Un costume appelle un corps ou indique son absence, racontait-il en 2006. Il y a toujours un fantôme qui rôde près d’un vêtement. L’empreinte d’un corps reste à l’intérieur d’un habit. Lorsque je vois des vêtements abandonnés dans la rue, il me manque évidemment toujours quelque chose. Lorsque j’ai fait Objet dansant (à définir), j’ai choisi la robe parce que c’est pour moi le vêtement de base, presque archaïque qui signale aussi l’apparition du geste du couturier. » 1 Et celui de la danse laissée au seul hasard des déplacements des nuisettes dans l’espace. « Je voulais rendre visible une idée «dansante» qu’un temps de contemplation/hypnose amènerait à un cheminement imaginaire et/ou à une réflexion sur l’absence, explique-t-il pour présenter cette création. J’avais la volonté aussi de réunir mes activités principales (mouvement, costume, son) en un seul et même projet. L’image du vent dans les rideaux à l’heure de la sieste, l’idée des fantômes de chacun, le livre de Paul Virilio intitulé Esthétique de la disparition, peut-être certains mobiles de mon enfance, m’ont accompagné et m’accompagnent encore aujourd’hui sur cette pièce. » 2

    Et 100% polyester nous poursuit aussi depuis près de 20 ans, comme un phénomène magique d’apparition-disparition dans un même élan et tournoiement sans fin au-dessus du vide. •

    1 Propos recueillis par Rosita Boisseau in Deuxième peau-Habiller la danse, Actes Sud, 2005.
    2 Cf. site de Christian Rizzo.
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