NDD#73 DOSSIER Les travailleurs de l’ombre | Focus #2 : les costumiers
Dossier coordonné par Alexia Psarolis
Scénographes, dramaturges, costumiers, créateurs sonores ou lumière… ces artistes de l’ombre œuvrent à l’abri des projecteurs. En quoi consiste leur travail ? Levons le voile sur ce qui se trame dans les coulisses de la création.
Le cycle « les créateurs de l’ombre » initié par Nouvelles de Danse, inauguré au printemps dernier avec le métier d’éclairagiste, met, cette fois-ci, les costumiers à l’honneur. Ces artistes dont le nom est souvent relégué au vestiaire œuvrent dans les coulisses du spectacle qu’ils revêtent d’étoffes et d’accessoires aux caractères multiples. Peau à nu, prothèse ou simple vêtement, sobre ou voyant, le costume sur scène « prolonge, stylise, contextualise ou neutralise le geste dansé ». C’est l’analyse que livre Claudia Palazzolo, maître de conférences à l’Université de Lyon 2, qui met en valeur trois fonctions du costume de danse, envisagé comme interface entre le sujet et le monde.
Sur le plateau, le corps se (dé)voile, paré de son entière nudité ou des étoffes et accessoires les plus variés, devenus des éléments dramaturgiques intégrés à la scénographie. Masques, plumes et perruques, les spectacles de la compagnie Wooshing Machine en fourmillent, tant et si bien qu’ils en constituent désormais la signature esthétique. Le danseur-chorégraphe Mauro Paccagnella et sa costumière complice, Fabienne Damiean, révèlent la façon dont le costume est pensé pour chaque projet, dans un mouvement réciproque entre le plateau et les artistes.
Sensibles à la mode, certains chorégraphes n’hésitent pas à solliciter de grands couturiers, donnant ainsi naissance à des collaborations devenues mythiques. On pense notamment à Cunningham et à la styliste japonaise Rei Kuwakubo, au duo de choc formé par la chorégraphe Régine Chopinot et le couturier Jean-Paul Gaultier, ou encore à Anne Teresa De Keersmaeker et au célèbre créateur belge Dries van Noten. Comment habiller la danse pour mieux la révéler ? Comment exalter le corps en mouvement ? Un défi de taille pour les couturiers qui explorent le champ chorégraphique.
Que reste-t-il sur scène quand le corps disparaît ? Deux robes siamoises mises en mouvement par un dispositif de ventilateurs. En 1999, le chorégraphe Christian Rizzo poussait le curseur un peu plus loin dans sa pièce-installation radicale et poétique, 100% polyester, objet dansant n° (à définir). « Il y a toujours un fantôme qui rôde près d’un vêtement » affirmait l’artiste.
Corps nus habillés de chair, costumes portant l’empreinte du corps ou prolongements corporels…, le moment est venu de considérer la danse sous toutes ses coutures. •