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    NDD#65 DOSSIER Les blessures de la danse | Une approche sociale

    Dossier coordonné par Naomi Monson

    Au croisement de différents courants de pensées, différentes approches, la danse est éminemment hétérogène. Une pluralité qui interdit toute généralisation à son propos. La danse blesse ? Parfois. Mais la danse soigne aussi : la danse libre d’Isadora Duncan ainsi que toutes les déclinaisons du mouvement qui s’inscrivent dans la lignée de François Malkovsky, Eric Hawkins et Anna Halprin, pour ne citer qu’eux, témoignent d’une dimension résiliente de la danse qui n’est, de fait, pas l’objet de ce dossier. Au contraire, ici nous irons là où la vocation se mêle à la blessure.

    Le sociologue et danseur français Pierre-Emmanuel Sorignet soulignait en 2006 que « l’un des principaux paradoxes de la danse est qu’il s’agit d’utiliser son corps sans l’user afin de l’inscrire dans la durée et de savoir gérer une douleur inhérente à une profession où la plupart des apprentissages se font dans la conscience de l’effort à fournir pour obtenir des compétences physiques spécifiques et adaptées aux demandes des chorégraphes 1 ». Aussi paradoxale soit-elle par rapport aux exigences du métier, la santé n’en est pas moins cruciale pour celui dont le corps représente l’instrument de travail par excellence. En abordant cette réalité sous l’angle sociologique, on s’apercevra vite que, si la santé est généreusement abordée dans les livres et revues, peu d’informations circulent sur la manière dont ce profitable savoir est exploité par les professionnels de la danse eux-mêmes. Comment la santé est-elle appréhendée au sein du milieu ? Quelles possibilités ? Quels besoins ?

    Pour y répondre, nous avons fait appel au regard aiguisé de la chercheuse canadienne Sylvie Fortin pour qui la santé du danseur est étroitement liée à l’éthique de la création artistique. Ensuite, si à l’étranger émergent initiatives et associations qui se soucient des difficultés rencontrées par le danseur, ce type d’organisations multidisciplinaires (où se côtoieraient chirurgiens, kinésithérapeutes, ostéopathes, psychologues, nutritionnistes…) n’existe pas en Belgique. Nous sommes donc allés à la rencontre des principaux concernés : danseurs, pédagogues, coordinateurs pédagogiques et directrice artistique qui, par leurs témoignages, apportent un certain regard sur les conditions de travail des danseurs. Enfin, parce qu’il considère l’être humain dans sa globalité, l’ostéopathe est, parmi les thérapeutes « alternatifs », un des recours préféré des danseurs. C’est pourquoi nous finirons notre parcours en rencontrant Eric Rampelbergh, qui, suite à ses expériences professionnelles auprès de danseurs issus de Mudra et d’Ultima Vez, la compagnie de Wim Vandekeybus, est devenu aussi passionné par les danseurs qu’il est ostéopathe.

    Soucieux de mettre en lumière les possibles et les besoins de la profession, ce dossier se focalise sur ce que le parcours du danseur a d’éprouvant, sans pour autant vouloir occulter tout ce que la pratique de la danse a de bénéfique. Il en va de même pour la chercheuse Sylvie Fortin qui, en marge de notre entretien, rappelle tout « l’épanouissement que les danseurs et les danseuses en retirent sur les plans physique, psychologique, social, cognitif et spirituel ». •

    1 Sorignet, P.-E., « Danser au-delà de la douleur », in Actes de la recherche en sciences sociales, n° 163, 2006, p. 48.
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