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    NDD#64 DOSSIER Le corps dévoilé | Questions autour de la nudité en danse

    Kris Verdonck – the Stills © Stavros Petropoulos

    Dossier coordonné par Alexia Psarolis

    Troublante, dotée d’une puissance indubitable, la nudité se déploie sur la scène chorégraphique suscitant plaisir esthétique et réflexion… mais aussi remous et incompréhension. éclairage sur ce corps mis à nu.

    Si l’art et le nu ont partie liée depuis des siècles, c’est au début du XXe que la danse s’aventure sur le terrain de la nudité. D’Isadora Duncan à aujourd’hui, de Jérôme Bel à Cecilia Bongolea en passant par Jan Fabre, le nu est devenu le « costume officiel de la danse contemporaine1 ». Mais si la présence sur scène de corps dénudés s’est banalisée, la nudité n’en demeure pas moins intrigante et hautement signifiante. Conceptuel, bestial, érotique… ce dévoilement du corps opère sur scène de façon multiple, d’où le terme de « nudités plurielles » employé par Roland Huesca. Le philosophe et professeur d’esthétique à l’Université de Lorraine mène depuis plusieurs années des recherches sur ce sujet et nous livre ici en substance ce qu’il développe dans son livre La danse des orifices, étude sur la nudité, qui vient de paraitre (éd. Jean-Michel Place). Cette mise à nu du corps nous place dans une zone d’inconfort, crée du trouble et nous plonge dans des abysses de questionnements. Quelles sont ces nudités à l’œuvre et leur géographie ? Quelles sont les frontières entre nudité, intimité, érotisme, obscénité ? Le corps est-il, in fine, un objet comme un autre ?

    Observons comment trois femmes chorégraphes s’emparent de ces questions et en font surgir d’autres encore, explorant la bestialité humaine (Maria Clara Villa Lobos, Ayelen Parolin) ou la sensualité du corps-à-corps (Mélanie Perrier).

    Choquante ? Subversive ? Quand la danse se dévoile, l’opinion se déchaîne (parfois). Les cas d’Olivier Dubois et très récemment de Kris Verdonck sont édifiants. Mais au-delà du conservatisme ambiant, ces exemples posent également la grande question de la réceptivité de l’œuvre et des codes de la représentation. Dépouillé de ses artifices, le corps nu en dit long. Écoutons-le.

    1 Expression de la journaliste Rosita Boisseau dans « Cet obscur objet de la danse », Le Monde, 13 septembre 2012.
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