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    NDD # 79 – Dossier – Crise du Covid : La danse à bout de souffle

    Par Alexia Psarolis

    La pandémie poursuit ses ravages, affectant toujours plus le corps collectif devenu un grand corps malade. Quelles sont les conséquences de cette crise sanitaire sur la création chorégraphique, sur la médiation et le Jeune public ? Enquête au cœur d’un secteur à bout de souffle.

    Covid. Confinement. Déconfinement. Reconfinement. Ces incessants mouvements de « in and out » et « stop and go » ont extrêmement fragilisé le secteur chorégraphique, les artistes comme les structures. Comment la danse a-t-elle improvisé dans ce contexte instable ? Comment (sur)vit-elle cette crise sur le terrain ? Un art du toucher peut-il être corona-compatible ? C’est autour de ces questions que gravite ce dossier, en prise directe avec l’actualité. L’enquête que nous publions a permis de mettre en lumière les difficultés de chorégraphes et de professionnels, pris en étau entre mesures sanitaires, impératifs professionnels et économiques. Nombreux sont ceux qui dénoncent des négociations parfois complexes avec les pouvoirs subsidiants pour obtenir un soutien financier, tandis que les caisses se vident à la vitesse grand V. Car la pandémie n’a fait que révéler au grand jour la précarité du milieu de la danse et accélérer les problèmes structurels qu’induit le statut des artistes. Avec une équation encore difficile à résoudre : celle de l’engorgement inévitable des programmations à venir et son corollaire, une déstabilisation de tout l’écosystème.

    Si la création, la production et la diffusion de spectacles ont été touchées de plein fouet en amont, les théâtres et les centres culturels menant des actions avec les publics se confrontent également à cette question : comment maintenir le lien ? Car la médiation en temps de coronavirus est loin d’être une sinécure. Il en va ainsi pour la Maison des Cultures et de la Cohésion sociale de Molenbeek, Les Tanneurs, dans le quartier des Marolles, le Centre culturel de Forest ou encore Charleroi danse, avec qui Mauro Paccagnella développe une collaboration. Son projet ? CORPS ET ANTICORPS, une réflexion au titre éloquent sur « les conséquences de la crise du coronavirus sur nos gestes élémentaires de socialisation.»

    Impossible dans ce dossier spécial Covid de faire l’impasse sur le Jeune Public. Au moment où les Rencontres de Huy, ce tremplin de visibilité, sont annulées, à l’instar du traditionnel « Noël au théâtre », comment les pièces seront-elles diffusées auprès des programmateurs ? Quant à l’art à l’école, peut-il continuer à se développer dans les mêmes conditions quand l’institution scolaire passe en code rouge ? Comment continuer à éveiller enfants comme ados et imaginer des alternatives aux écrans ? Car le numérique, depuis plusieurs mois, a submergé nos vies altérant notre rapport au monde et à l’art, avec un bilan tout en nuances. 

    Si Terpsichore a chaussé ses baskets depuis plusieurs décennies déjà, elle a désormais sa chaîne YouTube et se dévoile sur Facebook. Un coup de pouce non négligeable en temps de confinement et de fermeture de salles. Cette enquête se referme donc sur la création chorégraphique et ses formes digitales, ainsi que sur des réactions de chorégraphes quant à ces nouvelles manières de créer et de donner à voir une œuvre. Si les avis divergent sur le numérique, vu comme opportunité ou comme un pis-aller, tous s’accordent sur ce sentiment d’impatience à retrouver ce que nous avons momentanément perdu : la connexion au vivant. 

    à l’heure du bouclage, le plan de soutien défendu par la ministre de la Culture à la Fédération Wallonie-Bruxelles pour l’un des secteurs les plus touchés par la crise vient atteindre 34,12 millions d’euros. Bénédicte Linard élargit les aides aux opérateurs et artistes, subventionnés ou non, pour, déclare-t-elle, tenter de « prévoir l’imprévisible ». Une gageure par les temps qui courent.

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