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    NDD#87 La danse en graphiques : Création, diffusion, budget

    Par Isabelle Meurrens, Marlène Dorgny (Data Visualisation)

    La danse palpite avec intensité. Élargissement des publics, transversalité des formes, perméabilité des pratiques amateures et professionnelles. Essor de la création aux moyens limités, une intuition que confirment les données collectées.

    Une étude parue récemment sur les pratiques de consommation culturelle en Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) réalisée par l’Observatoire des Politiques Culturelles (OPC) indique qu’aller voir des spectacle de danse est la seule en augmentation (+2%). C’est cette information que nous avons voulu questionner et nous a donné envie de collecter des données tous azimuts. Que nous racontent ces chiffres ? En 20 ans le nombre de compagnies, d’institutions et de projets a plus que doublé ; les tournées des compagnies de danse FWB représentent aujourd’hui 37% de l’ensemble des tournées internationales des arts vivants ; entre l’avant et l’après-Covid, le nombre de spectateurs et spectatrices de danse a grimpé de 91% grâce, entre autres, à une augmentation des séries de représentations ; l’augmentation significative des budgets de la danse à euro constant n’a pas suivi l’inflation et l’augmentation de la taille du secteur. Conséquences ? Les moyens réels ont été divisés par trois en vingt ans, on assiste inévitablement à une standardisation des (toutes petites) formes diffusables et un étranglement des services aux professionnels qui ne peuvent pas suivre les besoins du secteur. •

    Répartition des budgets

    Légende

    Vert : Centre chorégraphique
    Bleu foncé : Compagnies et chorégraphes (subsides structurels : contrats-programmes, aides pluri-annuelles)
    Bleu clair : Compagnies et chorégraphes (subsides ponctuels: aides au projets, bourse de recherche et d’expérimentation)
    Cyan : Lieu de création et diffusion
    Rose : Structures de services et d’accompagnement

    Données: Les trois graphiques qui concernent les budgets sont établis sur base des données fournies par le service de la danse du ministère de la culture de la FWB

    Évolution des budgets


    L’enveloppe de la danse a connu une forte progression en 20 ans (+72%). Les revalorisations quinquennales de l’enveloppe dévolues aux compagnies de danse via les aides aux projets, les aides pluriannuelles et les contrats-programmes, y sont pour beaucoup. Ainsi que l’indexation de ces derniers. Seulement, en 20 ans, l’euro a perdu 67 % de sa valeur. Les 72% d’augmentation de l’enveloppe à euro constant peuvent être ramenés à 15% si on prend en compte l’inflation. Enveloppe répartie en 58 subsides différents pour 26 en 2002.

    Artistes sur scène

    Le nombre de danseuses et danseurs au plateau ne cesse de décroitre, conséquence inévitable de la réduction des moyens réels pour chaque création. Nous sommes dans un cercle vicieux où les formes se standardisent, rendant d’autant plus difficile la diffusion de plus grandes formes.

    Données: Répertoire des oeuvres chorégraphiques de Contredanse consultable sur la plateforme collaborative SCAPIN créee par les Archives et
    Musée de la Litérature (AML).

    Moyens des compagnies

    Il y a 20 ans, 11 compagnies bénéficiaient d’une aide structurelle et elles pouvaient compter sur une subvention médiane de 125.000 euros. 20 ans plus tard, ce montant a diminué de moitié puisque le nombre de ces compagnies (25) a plus que doublé. Si l’on tient compte de l’inflation, ce montant passe alors à 44.451 euros, soit trois fois moins qu’en 2002.

    Place de la danse en Belgique

    168% d’augmentation du nombre de créations annuelles. Réjouissant ou inquiétant ? Réjouissant, quant à la vitalité de la création mais préoccupant, au regard des deux graphiques ci-dessus et des possibilités de diffusion. Soulignons l’augmentation du nombre de salles qui proposent de la danse à Bruxelles (+75%) et en Wallonie (+31%).

    Données: Les agendas des spectacles dans Nouvelles de Danse (n° 21,22,23,84,85,86) qui couvrent 9 mois par an.

    Diffusion à l’international : Évolution des aides à la mobilité

    La danse belge francophone tourne à l’international depuis longtemps. Les aides à la mobilité internationale octroyées aux compagnies de danse par l’agence Wallonie-Bruxelles International (WBI) représentent 37% de celles accordées au secteur des arts vivants dans son ensemble. Elles sont loin de couvrir l’ensemble de la diffusion internationale : 76% des demandes sont accordées, et tous ne demandent pas d’aides. Notons la quasi absence de tournées en Asie et en Océanie en raison d’une réouverture tardive des frontières. On assiste en 2022 à un accroissement des tournées en Europe pour des raisons probablement écologiques et économiques.


    Données: WBI aides à la mobilité

    Place de la danse et des publics : évolution dans 12 lieux à Bruxelles et en Wallonie

    Envolée spectaculaire du nombre de représentations, de spectateurs et spectatrices avant et après-covid, qui ont presque doublé en 3 ans. 12 lieux de différentes tailles et différents réseaux situés à Bruxelles et dans trois provinces de Wallonie (Hainaut, Namur, Liège) proposent aujourd’hui davantage de spectacles de danse et surtout des séries plus longues, avec un taux de remplissage des salles en augmentation.

    Données: Utick, plateforme de ticketing en ligne Il s’agit des spectacles de danse dans 12 lieux à Bruxelles et en Wallonie : Charleroi Danse (La raffinerie et Les écuries), Les Brigittines, le Palais des beaux-arts de Charleroi, le Delta, le Centre Culturel d’Uccle, le Jacques Franck, le Théâtre de Liège, C’est Central, les Tanneurs, le Marni et Wolubilis.
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