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  • Nouvelles de danse

    NDD#83 – Summertime de Thierry Smits/Cie Thor

    © Hichem Dahes

    Propos recueillis par Florent Delval

    Créée en plein cœur de la pandémie, la pièce Summertime offre au public un moment solaire où la danse, portée par la légèreté de la musique baroque, circule au sein d’un groupe soudé.

    « Summertime est une proposition de danse pure, une succession de propositions chorégraphiques qui se font sur un florilège de musique baroque (Couperin, Lully, Vivaldi…), jouée sur scène par cinq musiciens, The WIG Society. L’idée est venue après la lourdeur thématique de Toumaï (ndr, une pièce apocalyptique qui évoque l’anthropocène), j’avais besoin de quelque chose de léger, de faire un divertissement de qualité.
    Avant la crise du Covid, l’idée était de faire une trilogie de Toumaï mais cela ne s’est pas passé comme prévu. Je me suis retrouvé sans interprètes. Dans le contexte de la crise sanitaire, j’ai pu constituer rapidement une équipe très soudée.

    La musique du silence

    La musique baroque est porteuse d’optimisme, en tout cas au travers des morceaux qu’on a choisis. Les pièces pour clavecin sont presque rock. Les transitions entre les morceaux sont des pièces électroniques faites par Jean-François Lejeune, qui donnent des plages de repos pour l’ouïe. Car Summertime est très baroque, et pas seulement au niveau musical : c’est très plein, anti-minimaliste. Je trouvais important de nous laisser toute liberté. Je ne travaille pas sur des partitions, je ne sais pas lire la musique. Je travaille d’abord le mouvement. Et à chaque fois qu’une proposition chorégraphique est finie, j’essaye sur de la musique enregistrée. Il y a un ajustement de la proposition chorégraphique par rapport à la musique. Les danseurs se l’approprient, je les laisse libres. Certains comptent, certains sont plus instinctifs avec le rythme, et cela crée une cohérence. La danse se colle d’une manière très organique à la musique. Mais elle est écrite dans le silence, car le risque est que la danse devienne redondante.

    La chorégraphie, c’est le groupe

    La pièce Summertime est une composition dans l’espace, avec une équipe de cinq danseurs. Qu’est-ce que je peux faire si je veux un groupe de cinq personnes sur deux mètres carrés ? Qu’est ce qui se passe si je veux éclater ce groupe ? La chorégraphie, c’est à la base poser des mouvements dans l’espace et de préférence en groupe. Je fais partie de ceux qui pensent que les propositions solo ne sont pas vraiment des gestes chorégraphiques. Celui-ci émerge quand il y a plusieurs individus qui bougent ensemble sur un plateau. Si c’est un solo, on est plutôt dans le registre de la performance. Je fais toutefois une différence avec les soli dans une proposition collective qui peuvent être nécessaires dramaturgiquement. J’ai toujours trouvé ça plus agréable d’être entouré par une petite communauté. La matière que l’on voit sur scène est issue des propositions des interprètes à partir d’indications que je donne verbalement. à chaque fois qu’il y a un interprète supplémentaire sur scène, les possibilités se multiplient. On peut imaginer des combinaisons. Les liens que crée la matière collective, chorégraphique et musicale, c’est ce qui nous permet de nous rapprocher du vivant. » •

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