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    NDD#70 Vers un réseau international | Rencontre avec la chorégraphe Caroline Cornélis

    © Anne Valentin

    Propos recueillis par Alexia Psarolis

    La ville sud-africaine du Cap a accueilli, en mai dernier, le 19e Congrès de l’Association internationale du théâtre de l’enfance et de la jeunesse (ASSITEJ). Au programme ? Des échanges, des spectacles… et surtout, la volonté d’ouvrir un réseau danse Jeune public à dimension internationale. La chorégraphe belge Caroline Cornélis, en compagnie de l’auteure et metteuse en scène Ariane Buhbinder, y représentait la CTEJ (Chambre des Théâtres pour l’Enfance et la Jeunesse) et ses 80 compagnies, ainsi que l’ASSITEJ Belgique. Revenue avec des étoiles dans les yeux, elle nous explique les raisons de son enthousiasme.

    L’ASSITEJ… peu la connaissent, et pourtant, elle œuvre depuis 19 ans dans le secteur de la création Jeune public. Il s’agit d’un réseau qui réunit les théâtres, les organisations et les artistes qui font du théâtre Jeune public à travers le monde afin qu’ils puissent partager leurs connaissances et leurs pratiques, les développer et, ainsi, renforcer l’ensemble du secteur. Parallèlement au Congrès, une pléthore de spectacles, regroupés autour d’un festival forcément international et fidèle à la thématique de cette année : « Cradle of Creativity » (berceau de créativité). Le Cap a rassemblé pas moins de 1 400 représentants de 100 pays différents. C’était le vœu de la présidente Yvette Hardie, productrice de théâtre sud-africaine, metteuse en scène et auteure, de voir se réunir la profession en Afrique du Sud. Rendez-vous est pris, pour la prochaine édition, dans trois ans au Japon.

    Si Caroline Cornélis est devenue membre de l’ASSITEJ Belgique – l’antenne nationale –, c’est pour aider au développement du théâtre Jeune public, que l’on devrait nommer, soit dit en passant, théâtre ET danse, (« il y a encore des batailles à mener ! », glisse-t-elle). Déléguée au Cap, elle avoue avoir été admirative de la qualité des spectacles sud-africains, surtout du point de vue de l’engagement, du jeu, de la physicalité… « Les pièces que j’ai découvertes (par exemple Making Mandela du Contagious Theatre, ou Phefumla, une création norvégio-sud-africaine sur des jeunes issus des « townships ») sont reliées à l’histoire de l’Afrique du Sud, à l’Apartheid, au thème de l’immigration… Ce théâtre semble né de la nécessité de dénoncer, de raconter, de témoigner, sans être dans l’apitoiement. J’ai eu un choc culturel qui me nourrit, à la veille de commencer ma nouvelle création. Celle-ci prend pour point de départ la cour de récréation, un lieu où le poétique côtoie le chaotique ; les enfants sont également dans la nécessité du jeu, non dans la retenue. Cela a résonné en moi, sur ce que j’ai envie d’aller chercher dans les danseurs. »

    « Élargir sa vision »

    « Dans le cadre du Congrès, poursuit Caroline, nous avons été amenés à réfléchir et imaginer ce que serait un projet de coproduction ou échange interculturel idéal. Comment gagner dans la rencontre, accepter la transformation, puiser dans l’autre pour se transformer soi-même ? Bien que venus de pays différents, nous tendons tous vers la même chose. » Le chemin n’est pourtant pas dénué d’obstacles. La langue en est un, le temps et le budget également, ou encore des restrictions propres à certains pays où existent des résistances politiques. Depuis l’avènement de Trump, par exemple, il est devenu plus compliqué de voyager aux États-Unis.

    L’atmosphère féconde du Congrès a fait naître un élan, celui d’ouvrir un réseau international spécifiquement pour la danse Jeune public, rassemblant les artistes de la danse, du théâtre de mouvement ou du théâtre non verbal. Un groupe de travail (qui compte déjà 14 personnes) s’est dès lors constitué pour organiser ce réseau, sous la houlette de l’ASSITEJ international. « Comment profiter de nos expériences, comment procéder afin que ce réseau existe concrètement avec des réunions, des conférences… ? », questionne la chorégraphe. « Concrètement nous allons faire des propositions, cette réunion va être rapportée à ASSITEJ international, à la CTEJ… La curiosité envers la création Jeune public est en train de croître, c’est une occasion qu’il faut saisir. Des questions ont déjà surgi, telles que la dramaturgie dans la danse Jeune public, le rapport au public et sa spécificité, la visibilité, la reconnaissance et la fragilité du secteur… Même si, en Belgique, il y a encore beaucoup à faire au niveau national, cela n’empêche pas de se structurer à une plus grande échelle. Nous devons inventer une façon de faire, à distance ; et nous aurons besoin de partenaires. Il faut élargir sa vision et penser international ». Faites passer ! •

    ASSITEJ Belgique : www.assitej.be
    ASSITEJ international International Association of Theatre for Children and Young People www.assitej-international.org
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