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    Entretien avec Pierre-Louis Kerbart suite à sa résidence de recherche au centre de documentation

    Propos recueillis par Yota Dafniotou

    Pierre-Louis Kerbart est un artiste émergent, accompagné pour le Garage29 autour de sa recherche Dragon. Lors de sa résidence d’écriture, il mène des recherches documentaires à Contredanse durant lesquelles il dessine une carte mentale, trace de ses recherches. Il revient dans cet entretien sur son expérience entre nos murs.  
    Avec quelles attentes es-tu arrivé au centre de documentation ?

    Je n’avais pas d’attentes particulières, j’étais curieux de découvrir le lieu, et j’avais envie de me poser pour lire. Quand je débute un projet, je commence par la lecture, plus tard j’ai du mal à prendre le temps de lire. Dans mon quotidien d’artiste je ne travaille pas tous les jours sur mes projets artistiques. La lecture est un moment privilégié qui passe souvent à la trappe. 

    Quelle est la ressource qui t’a le plus surpris ? 

    Un article sur l’impact du sida sur la danse contemporaine. Je suis tombé dessus accidentellement, tu m’avais proposé un autre article mais par hasard j’ai vu la page précédente. Cela m’a surpris, je ne m’attendais pas à lire ça ! Ça m’a ouvert une piste.

    Quel est ton rapport à la recherche documentaire et à la recherche en studio ?

    Ma recherche commence par une recherche documentaire. Je vais regarder des films, lire, plonger dans des sujets assez précis. Et ensuite je passe en studio. Là, ce sont plutôt les pratiques physiques, de composition, d’improvisation qui prennent le dessus. Les livres sont présents autour de moi, mais je ne les lis pas.

    Comment ta recherche documentaire nourrit-elle ta recherche en studio ? 

    Toutes mes lectures influencent la dramaturgie, la manière dont je construis ou pense la pièce davantage que mon geste dansé qui lui est beaucoup plus intuitif. Le geste vient jouer avec le corpus théorique. Les lectures guident mon imaginaire. Elles me donnent des références très claires. J’ai travaillé une pièce qui était en lien avec des figures de l’histoire de l’art ou de mouvements sociaux. Ces figures habitaient mon imaginaire, je les incarnais.

    La carte mentale que tu as tracée t’emmène-t-elle dans de nouvelles directions ?

    Je pense qu’un des moments clés, a été quand j’ai découvert l’impact du sida sur la danse contemporaine. Le livre Le paysage est une traversée de Gilles A.Tiberghien m’a aussi marqué. Quand j’étudiais en Science-Politique, j’entendais parler d’un rapport plus critique à l’urbanisme et à la manière de penser les espaces collectifs. Dans ce livre il parle d’Anna Halprin ou encore du mouvement Fluxus. S’y dessine, depuis le mouvement du corps, un autre rapport à l’espace. Mon travail porte sur l’agentivité, la puissance d’agir de la nature ou d’un espace naturel plutôt que sur le concept de paysage. Comment un environnement a sa propre vie, son propre imaginaire ? C’est proche de la science-fiction ou du fantastique.  

    Si tu devais résumer ton expérience au centre de documentation en un mot, quel serait-il ?

    Le calme.

    Qu’est-ce que t’a apporté ce dispositif de recherche dans le centre de documentation au sein de ta résidence au Garage29 ? 

    C’est super important de mettre en dialogue un espace d’archivage, de documentation comme celui-ci avec la création en cours. Que ce soit un lieu où se pense et se fait la danse ou la performance. 

    Pierre-Louis Kerbart est un artiste chorégraphe et performeur résidant à Bruxelles en Belgique. Après des études en sciences politiques orientées sur l’écologie politique et l’anthropologie, à l’IEP de Rennes, il a continué sa formation universitaire au sein de l’institut supérieur des arts et des chorégraphies (ISAC) à l’Académie des Beaux Arts de Bruxelles. Son approche est transdisciplinaire, ce qui l’intéresse, ce sont les rencontres entre l’écologie politique et la danse, l’anthropologie et la recherche chorégraphique. Il a eu l’occasion de suivre les enseignements de Loïc Touzé, Daniel Blanga Gubbay, Nadia Beugré, Gérald Kurdian, ou encore Anja Röttgerkamp.
    Il développe depuis 2020 sa propre recherche artistique, créant deux pièces chorégraphiques, le solo Le troisième miroir (2021, work in progress) et Dragon (2022, work in progress), formes hybrides entre le théâtre, la danse et la performance. Il expérimente son projet au sein du G.INCUBATOR de Garage29 la saison 22/23.
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