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  • Nouvelles de danse

    NDD#89 – La danse est une fête !

    Petite rOnde, Félicette Chazerand © Gilles Destexhe

    Par Alexia Psarolis

    Danser. Pour se divertir, pour le plaisir, pour célébrer un événement… Du bal à la guiguette, des ballrooms aux dancefloors, l’important reste ce qui nous lie. Traditionnelles ou contemporaines, les danses sociales font naître une communion collective dans un esprit festif. Alors, let’s dance !

    Carnaval, soirée, club, événement, culte… Quel que soit l’endroit, du bal à la guinguette, des dancings d’autrefois aux dancefloors, la danse, dans ces contextes, permet de tisser du lien social, de rassembler des communautés, d’éprouver et de diffuser une joie collective. Regroupées sous la locution « danses sociales », elles incluent tout aussi bien des danses de couple (danses de salon) que de groupe ou individuelles, souvent désignées par une terminologie subtile. « Les dénominations deviennent le vecteur de l’expression d’un groupe, d’un territoire, d’une culture, et sont porteuses d’enjeux identitaires et culturels 1. » Ces différentes pratiques revêtent une fonction sociale, cultuelle…, et placent cet axiome au cœur de leur philosophie : tout le monde peut danser. Elles se distinguent des danses de scène, fruit d’une création artistique destinée à être regardée dans un contexte souvent codifié, tel que l’espace théâtral ou encore l’espace public, exposée au regard des passants-spectateurs.

    Les danses traditionnelles, vécues comme des moments de partage lors de fêtes ou de bals, se distinguent des danses folkloriques destinées, elles, à la scène, qui se pratiquent la plupart du temps en costumes traditionnels. En ronde, les participants se tiennent souvent par la main, seul contact physique. Cette figure ancestrale du cercle se retrouve dans le battle de hip-hop, où chaque danseur entre dans un « cypher » pour défier ses partenaires. Comme le souligne la chorégraphe Anne Nguyen, « danser au milieu d’un cercle permet de se sentir à la fois protégé et valorisé. Le cercle permet la circulation des énergies et l’émulation ».

    Les danses sociales sont toujours une source d’inspiration pour les artistes qui les revisitent sur les scènes. Souvenons-nous d’El Baile de Mathilde Monnier (2017) en collaboration avec l’écrivain argentin Alan Pauls, inspiré du film Le Bal d’Ettore Scola (1983), qui met en scène l’atmosphère des bals en France et la diversité des danses, des années 1930 au disco. Les SlovaKs Dance Collective composent des pièces « néo-traditionnelles » imprégnées de leur culture commune, les danses issues de Slovaquie. Ou encore la chorégraphe Félicette Chazerand, dont la pièce rOnde (2021), une ode au partage, au rythme et à la fête, « fait cohabiter les sonorités du présent avec celles du passé ».

    Les danses traditionnelles connaissent actuellement un revival à mettre sans doute en parallèle avec le besoin – voire l’urgence – de (re)créer du lien, à une époque où le virtuel tend à se substituer au réel. Sophie Melis, danseuse et performeuse formée à l’improvisation, développe actuellement une recherche autour des danses wallonnes, What happened to social dancing? La danseuse et chorégraphe Stéphanie Auberville, quant à elle, se propose d’étudier les danses traditionnelles par le prisme d’une recherche sur la forêt et l’écologie. Les deux artistes nous expliquent leur démarche dans les pages qui suivent.

    Rien de plus actuel que ces danses collectives, traditionnelles ou pratiques de clubbing. Andrea Zardi appréhende le clubbing « comme un espace de résistance aux conventions sociales hétéronormées traditionnelles », « comme un rituel collectif dédié au sentir et au plaisir 2 ». « Yes, we dance », c’est le mot d’ordre lancé par Charleroi danse, le Centre chorégraphique de la Fédération Wallonie-Bruxelles, qui invite tout le monde à se mettre en mouvement lors de soirées festives, amateurs bienvenus. D’hier à aujourd’hui, la réactualisation de rituels et la ritualisation du geste dansé convergent vers un même objectif, éminemment politique : faire communauté.

    1 Christophe Apprill, Aurélien Djakouane et Maud Nicolas-Daniel, L’enseignement des danses du monde et des danses traditionnelles, L’Harmattan, Paris, 2013.
    2 Collectif, sous la direction de Laura Fléty, Danses et rituels, éditions du CND, Pantin, 2023.
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