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    NDD#86 – La danse est une fête

    Double Take Cinematic Circus

    Entretien avec Jérémy Lépine

    Propos recueillis par Florent Delval

    Le festival Danses en fête ! est piloté par l’AFED, l’Association francophone des écoles de danse, en collaboration avec la Rac, Central, le Réseau des scènes chorégraphiques de Wallonie et AssProPro. L’AFED est coordonnée par Jérémy Lépine. Chorégraphe professionnel, il a tourné à l’international, mais depuis 2016 il a décidé de mettre sa pratique un peu en retrait, avec la création de Dance Corner. Cette association soutient notamment des infrastructures amateures ainsi que l’accès à l’emploi des professionnels. Or, à l’aube de la crise sanitaire, la scène « amateure » a exprimé le besoin d’être représentée par une fédération : ainsi est née l’AFED.
    C’est la deuxième édition officielle. Il y a eu une édition zéro en 2021, quand nous étions encore en partie en confinement. Quel est le bilan de l’édition de l’année dernière ?

    L’année dernière a été un vrai succès, avec une soixantaine d’initiatives qui ont été proposées à peu près sur tout le territoire. Les grands enjeux que nous avons fixés ont trait à la représentation territoriale, notamment vis-à-vis des zones rurales et reculées. Les provinces de Namur et de Luxembourg comptaient encore peu d’initiatives. Le mouvement était encore peu suivi. On est donc allé voir les opérateurs bien en amont pour essayer d’avoir davantage de projets. Cela a porté un peu ses fruits. L’autre enjeu était de proposer plus d’activités qui aident à faire se rencontrer les publics amateurs et professionnels, et les compagnies reconnues. Nous avons soutenu les projets qui voulaient développer des activités dans ce sens, aussi divers soient-ils.

    Quel est l’ADN du projet ?

    Le but de Danses en fête ! est de réunir tout type de pratiques sur une grande diversité de territoires, à l’instar de la Fête de la musique. C’est un événement qui dure deux semaines et sur lequel tous les opérateurs, quel que soit le niveau de pratique, sont invités à programmer des événements très divers et variés : des performances, des ateliers, des expositions dans des musées, des films dans des cinémas. On accueille un large panel de propositions en rapport avec la danse, tout en poussant à créer des passerelles. À l’origine, la volonté était d’ouvrir la danse à un public large plutôt qu’à un public initié, qu’on parle de toutes les danses et que tout soit mélangé dans une même programmation. Hormis des structures comme Charleroi danse, le programme de cette année inclut des écoles, des musées, mais aussi des tiers-lieux qui n’avaient jamais programmé de danse.

    Quel est votre rôle dans tout cela ?

    Une fois les initiatives réunies, nous les mettons dans un programme commun qui est diffusé de façon large auprès du grand public. Mais nous avons une autre mission : accompagner tous les projets qui auraient besoin de soutien, par exemple pour rechercher un lieu, ou les lieux qui recherchent des personnes pour intervenir ou des compagnies. Nous essayons de participer à la construction de leurs initiatives. Le Grand Hospice à Bruxelles, par exemple, a mis ses infrastructures à disposition, alors que ce n’est pas un lieu impliqué dans la danse habituellement. Un troisième volet complète le tableau : c’est l’octroi, chaque année, d’une bourse à un projet, avec chaque année des critères spécifiques. Cette année nous avons soutenu l’initiative de Fusion à La Louvière, qui aide des groupes amateurs à rencontrer des chorégraphes professionnels lors de leurs spectacles mais aussi lors de workshops. Les élèves de l’école assistent à la pièce Zouglou d’Hippolyte Bohouo, qui est suivie par un bord de scène (rencontre avec le public), et ensuite la compagnie se rend à l’école.

    À qui s’adresse le festival ?

    Certaines initiatives sont adressées à un public familial, d’autres uniquement à des professionnels, comme, le 20 avril, « Danse en perspective ». C’est un moment où les programmateurs rencontrent les professionnels. Le public est assez large. Des ateliers d’initiation seront destinés au grand public, mais des chorégraphes de renom proposeront aussi des master classes plus pointues. Le festival est l’occasion de prendre part à des bals de danses populaires, des promenades, des spectacles, des rencontres, des sorties de résidence, des ateliers de danses urbaines…

    Est-il possible d’enchaîner les activités dans ce vaste programme ?

    Dans certaines villes comme Bruxelles ou Charleroi, on propose des parcours, en effet. Il sera possible de faire plusieurs choses sur une journée ou un week-end, un spectacle, un atelier, une exposition.

    Peut-on dire que Danses en fête ! contribue à un retour à la normale après la coupure du covid ?

    Pour les pratiques en amateur, la fréquentation est revenue plus ou moins à un niveau pré-covid. On sait cependant que la fréquentation a relativement baissé dans les salles, ce qui pose la question de la nouvelle consommation culturelle. On est dans une nouvelle normalité, qu’on doit comprendre. Elle tient plus de la recherche de quelque chose de passionnel. Les gens ont plus envie de vivre des expériences culturelles que d’assister simplement à un spectacle en salle. Mais on a peu de recul. •

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